Dernier album (ouf!) du tandem Morvan-Munuera, Aux sources du Z se révèle un album décevant. Célébrant les 70 ans du groom aventurier, Morvan, aidé de Yann, nous a concocté un scénario poussif dont le concept de revisiter le passé de Spirou laisse un arrière goût... irrespectueux.
Sur le motif de sauver Miss Flanner d'une mort certaine, Zorglub pousse Spirou à remonter le temps jusqu'à son combat contre Poildur (une des Quatre aventures de Spirou et Fantasio), époque où la scientifique fit une tragique expérience qui lui vaut son actuelle agonie. Et voilà Spirou revisitant quelques moments clés tirés de sa carrière. Seront ainsi évoqués Le gorille a bonne mine, La mauvaise tête, Le dictateur et le champignon, La corne du rhinocéros, en passant par Z comme Zorglub et Paris-sous-Seine.
Certes, l'idée de revisiter l'univers du groom était intéressante, mais le résultat reste très conceptuel et truffé d'erreurs: la différence d'âge entre Champignac et Zorglub ou l'attitude très "fils de pub nombriliste" du vieux Spirou face à un Fantasio peu perturbé et un Spip totalement oublié. Sans oublier les justifications niaiseuses comme celles de Spirou frappant une femme de 70 ans parce qu'il en est tombé amoureux. Come on! Et si ça ne suffisait pas, l'album se conclut sur une fin à la fois incohérente et dérangeante: le Spirou moderne est resté dans le passé et s'est marié avec Miss Flanner, tandis que Fantasio a ramené par erreur le Spirou du passé à "notre" époque, un jeune Spirou encore vierge de toutes ses aventures. Désolé, mais ce genre de pirouette est peut-être plausible dans un comic américain ou un manga (n'oublions pas les références majeures de Morvan dont la passion pour le Japon devient pathologique, comme l'avait démontré son Spirou à Tokyo qui tenait plus du guide touristique que d'une BD d'aventures), mais ça ne correspond pas du tout à l'esprit de cette série.
En voulant moderniser le personnage coûte que coûte, les auteurs en ont oublié sa vraie nature, ce qui est d'autant plus navrant qu'ils jouent en même temps la carte de la nostalgie. Ce qui m'amène à un autre grief: pourquoi évoquer uniquement les albums de Franquin? Certes, l'homme était un génie du neuvième art et celui qui a donné ses lettres de noblesse à la série. Mais pourquoi oublier Fournier et le duo Tome & Janry qui ont pourtant donné d'excellents albums? Des auteurs qui, rappelons-le, ont repris le personnage avec leur style personnel, mais sans jamais le dénaturer. Ce qui n'est pas le cas ici. Doit-on y voir la patte de Yann, scénariste souvent inspiré (Pin-Up, Les Innommables) mais dont l'idolâtrie pour Spirou et Franquin le pousse à déconstruire son icône vénérée pour essayer de la moderniser? Une preuve parmi tant d'autres: le baiser (et pire encore) de Spirou et Seccotine, vieux fantasme de Yann qu'on retrouve aussi dans le bancal one-shot Le tombeau des Champignac.
À force de se replonger dans les oeuvres de Franquin, il serait temps de comprendre pourquoi ses intrigues, datant pourtant des années 50 et 60, se lisent encore très bien de nos jours, alors que Aux sources du Z sera très vite oublié. Une belle galère que les repreneurs de la série oublieront, nous l'espérons.
Un petit bonus: voici ce qu'aurait pu donner cette case si les droits du Marsupilami avaient été prêtés pour l'occasion. Mais les voies du copyright sont impénétrables.
Certes, l'idée de revisiter l'univers du groom était intéressante, mais le résultat reste très conceptuel et truffé d'erreurs: la différence d'âge entre Champignac et Zorglub ou l'attitude très "fils de pub nombriliste" du vieux Spirou face à un Fantasio peu perturbé et un Spip totalement oublié. Sans oublier les justifications niaiseuses comme celles de Spirou frappant une femme de 70 ans parce qu'il en est tombé amoureux. Come on! Et si ça ne suffisait pas, l'album se conclut sur une fin à la fois incohérente et dérangeante: le Spirou moderne est resté dans le passé et s'est marié avec Miss Flanner, tandis que Fantasio a ramené par erreur le Spirou du passé à "notre" époque, un jeune Spirou encore vierge de toutes ses aventures. Désolé, mais ce genre de pirouette est peut-être plausible dans un comic américain ou un manga (n'oublions pas les références majeures de Morvan dont la passion pour le Japon devient pathologique, comme l'avait démontré son Spirou à Tokyo qui tenait plus du guide touristique que d'une BD d'aventures), mais ça ne correspond pas du tout à l'esprit de cette série.
En voulant moderniser le personnage coûte que coûte, les auteurs en ont oublié sa vraie nature, ce qui est d'autant plus navrant qu'ils jouent en même temps la carte de la nostalgie. Ce qui m'amène à un autre grief: pourquoi évoquer uniquement les albums de Franquin? Certes, l'homme était un génie du neuvième art et celui qui a donné ses lettres de noblesse à la série. Mais pourquoi oublier Fournier et le duo Tome & Janry qui ont pourtant donné d'excellents albums? Des auteurs qui, rappelons-le, ont repris le personnage avec leur style personnel, mais sans jamais le dénaturer. Ce qui n'est pas le cas ici. Doit-on y voir la patte de Yann, scénariste souvent inspiré (Pin-Up, Les Innommables) mais dont l'idolâtrie pour Spirou et Franquin le pousse à déconstruire son icône vénérée pour essayer de la moderniser? Une preuve parmi tant d'autres: le baiser (et pire encore) de Spirou et Seccotine, vieux fantasme de Yann qu'on retrouve aussi dans le bancal one-shot Le tombeau des Champignac.
À force de se replonger dans les oeuvres de Franquin, il serait temps de comprendre pourquoi ses intrigues, datant pourtant des années 50 et 60, se lisent encore très bien de nos jours, alors que Aux sources du Z sera très vite oublié. Une belle galère que les repreneurs de la série oublieront, nous l'espérons.
Un petit bonus: voici ce qu'aurait pu donner cette case si les droits du Marsupilami avaient été prêtés pour l'occasion. Mais les voies du copyright sont impénétrables.